Conduite du changement

Conduite du changement

Conduite du changement règlementaire : GO/ NO GO , une non-question

Benchmarking des expériences agricoles Néo-Zélandaises et Françaises

Les changements règlementaires sont parfois perçus comme arbitraires et causent de nombreuses réticences au sein des organisations. Si certains managers les anticipent et s’y préparent progressivement pour assurer la pérennité de leur entreprise, pour d’autres, le changement reste toujours une perspective lointaine. Ces derniers s’embourbent dans la gestion du quotidien  et se retrouvent finalement astreints à mettre en œuvre des changements dont leurs marges de manœuvre restent relativement faibles. C’est dans cette dernière situation que se trouve  aujourd’hui  confrontée Tilly sabco , grand volailler Breton.

En effet, suite à l’adoption de la politique PAC au niveau Européen, le groupe s’est vu supprimé  sa subvention  sur les exportations de volailles. C’est en réalité un coup de massue pour les salariés comme les dirigeants, dans la mesure où l’entreprise est  exposée visiblement à une cessation de l’ activité d’export de volailles représentant plus de 90% de son chiffre d’affaires et touchant près de 15000 personnes directement et indirectement.  

 

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A ce sujet, les trois derniers mois ont été marqués par une série de manifestations et de revendications en Bretagne  visant à obtenir un engagement du gouvernement pour une restructuration. Pourtant, face à certaines contraintes, le fameux « GO/NO GO »  est une question qui ne devrait plus se poser ; les mesures de suppression de subventions ayant été annoncées depuis des années. La question devrait être plutôt de savoir comment effectuer le changement et  améliorer sa compétitivité.

De toute évidence, les organisations ont intérêt à « penser le changement » plutôt qu’à « changer le pansement ». Comment comprendre alors une telle inertie ? Dans cet article, il sera d’abord question de mettre en relief  les éléments ayant conduit  Tilly Sabco au chaos, pour ensuite montrer un exemple de réussite dans la conduite du changement règlementaire toujours appliqué au domaine agricole.

 

Un contexte économique défavorisant

Si la Bretagne a été fortement  impliquée dans la reconstruction et l’autosuffisance alimentaire à l’issue de la seconde guerre mondiale au point de développer des avantages comparatifs, force est de réaliser aujourd’hui que cet état des lieux est désuet. En effet, face à la montée des pays émergents comme le Brésil, le modèle économique ne semble plus viable. Dans ces pays, la main d’œuvre reste jeune et à faible coût. Par ailleurs, les marges ont fondu du fait de l’augmentation du coût des matières premières utilisées notamment dans l’alimentation animale. La seule conclusion à laquelle l’on arrive est que la principale cause de la pérennité des entreprises du secteur est la perfusion de subventions accordées par l’Union Européenne pour pouvoir résister au « dumping » des pays émergents.

Une direction passive

D’aucuns affirmeraient que c’est un changement brusque imposé par l’UE. Toutefois, au vu de l’annonce des mesures de suppression desdites subventions depuis 7 ans, il apparait manifestement que la direction du groupe a volontairement préféré ignorer ces réformes plutôt que de s’y adapter progressivement ; Il est alors inconcevable que les acteurs affichent une telle stupéfaction et une désorientation totale.

Un contexte règlementaire différent

Si l’OMC essaie de refreiner les barrières à la concurrence au profit du libre-échange et  de l’intérêt du consommateur, l’UE notamment à travers le PAC a vocation à soutenir des projets créateurs de valeur dans l’intérêt collectif des membres ; les aides accordées à Tilly Sabco n’entraient plus dans ce champ vu qu’elles n’ont pas été utilisées à des fins de création de valeurs mais d’apurement des pertes.

 

Dans ce contexte, dès lors que ces subventions étaient remises en cause, un autre modèle aurait dû être envisagé  sur l’organisation du secteur (changement ou diversification d’activité, changement de niveau de gamme, intégration de l’activité en amont ou en aval….)  et la réinsertion des producteurs et salariés licenciés.

 

Comment la suppression des subventions agricoles en Nouvelle Zélande a t’-elle permis un sursaut de l’activité ?

En Nouvelle Zélande, la suppression des subventions agricoles a contribué à améliorer la compétitivité. En effet, la production agricole était alimentée artificiellement par des subventions et ne permettait pas l’optimisation des productions agricoles. Du fait de la crise budgétaire dans les années 1980, le gouvernement a été contraint à supprimer les subventions agricoles. Toutefois, ces changements ont dans l’ensemble été soldés par des avancées positives.  On a pu observer :

-des gains de productivité 

-une réduction des coûts 

-un recentrage sur les secteurs porteurs en lieu et place des stratégies visant à augmenter les subventions agricoles sans pour autant apporter une valeur ajoutée réelle.

- un accompagnement des producteurs .

 

 

Comme le défend  Dominique Sinner, accompagnatrice du changement :

«  Le problème ce n’est pas de lever les freins, le problème, c’est l’inertie qui fait que ni les élans ni les résistances ne peuvent être des moteurs… ».

 

Pour plus  d’informations sur le cas Néo-Zélandais et sur Tilly Sabco

http://www.nzembassy.com/fr/france/liens-entre-la-nouvelle-z%C3%A9lande-et-la-france/affaires-et-commerce/vivre-apr%C3%A8s-la-suppression-

http://www.pleinchamp.com/actualites-generales/actualites/fin-des-subventions-europeennes-la-filiere-avicole-a-eu-sept-ans-pour-se-preparer

 

Mireille GNINAHOPHIN



17/12/2013
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